Pauvres sédentaires, heureux sportifs

Publié avec l'aimable autorisation du Docteur Jacques Girardier

 

Des inconvénients de l’inaction aux bénéfices de l’activité physique

Tout muscle, tout organe n’a que la capacité de son niveau de sollicitation. Donc :

Ce texte a l’ambition de résumer les connaissances sur l’évolution des fonctions physiques du corps humain suivant leur mode d’utilisation. Il fait suite à une présentation réalisée le 11 mars 2004 à la Maison des Sportifs Rosenberg. S’étaient donnés rendez-vous plus de 60 adeptes de la Gymnastique Volontaire sous la houlette des clubs de G.V. de Vénissieux.

A partir de l’âge de 20 ans, les capacités physiologiques ne peuvent progresser, au mieux, que de 20%. En général, la progression est plutôt une stagnation, puis une lente involution qui dépend du niveau d’effort.

Les maladies viennent modifier cette adaptation :

 

1ère PARTIE : les inconvénients de l’inaction

 

1. L’évolution des capacités respiratoires et physiologiques

Les capacités maximales d’oxygénation dont dépend le rendement musculaire, baissent régulièrement de 10 % par décennie d’âge. En moyenne, un individu qui serait à 100 % à 2O ans, se retrouverait à 44 % à 70 ans.

La fonction respiratoire baisse de 50 % entre 20 et 70 ans. Cela concerne l’apport d’oxygène et l’élimination du gaz carbonique produit par l’organisme du fait d’une diminution de la ventilation et de la quantité totale d’air échangé.

 

 2. L’évolution des possibilités et du risque cardiovasculaires

La quantité de sang normalement éjectée par le cœur lors de sa contraction est le débit cardiaque. Plus il est important, plus la performance musculaire peut être grande. En vieillissant, plus l’effort augmente, moins il s’adapte à l’effort car l’élasticité et le remplissage du cœur diminuent.

La fréquence cardiaque (FC) et la tension artérielle (TA) permettent au système de s’adapter à l’effort. Plus on vieillit et moins on fait d’effort, plus l’adaptation à l’effort est mauvaise par augmentation de la TA de repos, de la FC d’effort et de la TA d’effort, et par diminution de la FC maximale.

Le risque cardiovasculaire après 35 ans est double :

- hypertension artérielle (HTA) à cause des facteurs génétiques, de l’augmentation du poids de corps (fréquente obésité), du stress, du tabagisme, de l’inaction, de la sédentarité ;

- angine de poitrine, infarctus du myocarde, dont les causes sont les mêmes, plus l’.HTA et le diabète.

Chez un non actif, le risque de décès prématuré est augmenté ; celui d’infarctus du myocarde est 2 fois plus élevé, alors que chez un sujet entraîné, le risque est faible jusqu’à 60-65 ans.

Hormis pour le tabagisme, le risque cardiovasculaire est inégalement réparti entre hommes et femmes entre 35 et 75 ans :

- maximal entre 35 et 45 ans, il diminue lentement chez le fumeur vieillissant,

- il augmente beaucoup plus chez la femme à cause de l’obésité, du cholestérol et de l’inactivité,

- plus elles vieillissent, plus les femmes sont sensibles à l’HTA.

 

 3. L’évolution du muscle

Le vieillissement et l’inaction entraînent une diminution du nombre de fibres musculaires efficaces, de leur apport sanguin et de leur commande nerveuse. Les temps de contraction, de relaxation, les défauts de synchronisation sont augmentés. Ainsi observe-t-on moins de force, plus de fatigabilité, d’accidents musculaires, de chutes, de phlébites (veines qui se bouchent).

 

 4. L’évolution articulaire et osseuse

Cartilages, ménisques, tendons et ligaments perdent de l’élasticité. L’évolution naturelle plus ou moins rapide du cartilage est l’arthrose qui apporte douleurs et limitations des gestes.

A partir de la ménopause chez la femme, et de 50 ans chez l’homme, il y a une diminution du capital en calcium osseux. Les deux conséquences sont :

- une décalcification : ostéoporose, avec douleurs et fragilité osseuse,

- les fractures : de 50 ans jusqu’au terme de sa vie, une femme occidentale a 44 % de risque de survenue de fracture.

Le phénomène est moins important chez l’homme.

 

 5. L’obésité et le diabète «gras»

L’obésité, phénomène naturel chez l’inactif et lors du vieillissement, a augmenté de 100 % dans les pays occidentaux entre 1980 et 1990. Cela est plus lié à l’augmentation du nombre d’heures de transport en voiture et de télévision, qu’à celle des apports énergétiques.

L’inactivité entraîne une baisse de l’utilisation des réserves, et l’alimentation de plus en plus anarchique bloque le recyclage des graisses.

Les conséquences sont le diabète, l’augmentation du cholestérol, donc les maladies cardiovasculaires.

Le diabète «gras» est dû à l’augmentation des réserves en graisses et à la dégénérescence du réglage de l’insuline (vieillissement du pancréas chargé de régler le taux de sucre dans le sang). Les conséquences sont, entre autres, les maladies cardiovasculaires.

 

 6. L’évolution sensorielle, sensitive et motrice

Ce problème se produit surtout après 70 ans. On observe une baisse :

- de la vue et de l’audition, d’où une baisse du repérage dans l’espace et des capacités de relation avec le monde extérieur ;

- de l’équilibre et du contrôle musculaire, d’où augmentation des chutes et des fractures : 1 personne sur 3 aura une fracture après 65 ans.

 

 

2ème PARTIE : HEUREUX SPORTIFS

Les avantages de l’activité physique

Au contraire de l’inaction et du vieillissement physiologique, l’activité physique permet de stabiliser, voire d’améliorer les différentes fonctions, et de lutter contre les effets irréversibles du vieillissement.

 

 1. Les effets respiratoires et physiologiques

La ventilation (échanges gazeux) est améliorée par augmentation du jeu musculaire du thorax, et de la quantité et de la vitesse d’air échangé (donc de l’apport en oxygène et de l’élimination du gaz carbonique).

Les capacités d’oxygénation (consommation maximale d’oxygène) peuvent progresser jusqu’à + 20 %. Elles ne baissent plus que de 5 % par décennie. Cela est dû à une augmentation de la combustion des glucides (carburant de l’organisme) et de la mobilisation des réserves en graisses, et au meilleur rendement cardiovasculaire.

 

 2. Les effets cardiovasculaires

L’activité régulière permet de mieux contrôler le rythme (fréquence) cardiaque (FC) et la tension artérielle (PA) donc de moins agresser cœur et vaisseaux. La FC et la PA de repos diminuent ; la FC et la PA pour un effort donné sont plus faibles.

Le débit cardiaque (donc les quantités de sang oxygéné envoyé dans l’organisme et de sang recyclé) est amélioré. Il en résulte une meilleure performance, d’où une meilleure forme physique.

Le risque d’hypertension artérielle, d’infarctus du myocarde et de phlébite est nettement diminué jusqu’à 65 ans.

 

 3. Les effets musculaires

Les capacités de contraction, l’apport sanguin et la commande nerveuse des fibres musculaires sont accrues. Il en résulte un meilleur contrôle musculaire des gestes, de l’équilibre, donc moins de chutes, de claquages, de phlébites.

 

 4. Les effets articulaires et osseux

Le capital osseux (quantité de calcium) est entretenu ou amélioré par les appuis et mouvements. Tout effort en compression ou en traction («étirement» de l’os) stimule les os concernés et attire du calcium. Le risque de fracture est diminué.

L’activité bien menée en fonction des possibilités de chaque individu, permet :

- une stimulation du cartilage articulaire, donc une lutte contre l’arthrose,

- un entretien de la souplesse tendineuse et articulaire, donc une meilleure activité musculaire et de meilleurs gestes, donc une autonomie accrue et une diminution du risque de chutes.

 

 5. Les effets sur les graisses et le diabète

Tout effort régulier permettant de diminuer puis de régulariser les réserves en graisses, entraîne une baisse ou une stabilisation du poids de corps, une régularisation du cholestérol. Il en résulte une lutte contre l’obésité, le diabète «gras» et le risque de maladie coronarienne.

 

 6. Les effets sensoriels, sensitifs et moteurs

S’il est difficile de lutter contre la baisse de la vue et de l’audition, l’activité physique régulière permet d’améliorer la coordination motrice et la réactivité musculaire, d’entretenir ou d’améliorer l’équilibre et la perception des rapports du corps avec l’extérieur. Il en résulte un mieux être global, une diminution du risque de chutes et de fractures.

 Vous, amis lecteurs, êtes déjà convaincus des bienfaits de l’activité physique et du sport. J’espère vous avoir donné des arguments contre les récalcitrants au sport et autres fanatiques de la console informatique, contre les fumeurs, contre les gros mangeurs.

 

Publié avec l'aimable autorisation du Docteur Jacques Girardier